Le docteur Philippe Girard, qui exerce en tant que pneumologue à l’hôpital parisien Institut Mutualiste Montsouris nous livre une interview sur différents sujets relatifs aux pathologies pulmonaires et leurs causes.
Pollution atmosphérique et Ile-de-France
Mardi 5 juin l’on célébrait la journée de l’environnement. A cette occasion, le docteur Philippe Girard, pneumologue et oncologue à l‘Institut du Thorax de l’Institut Curie Montsouris vient intervenir à la radio.
Un risque reconnu
La mairie de Paris a dévoilé ses résultats sur le vote du Plan Climat, à cette occasion Philippe Girard de l’Institut du Thorax nous indique s’il est dangereux pour la santé de vivre en Ile-de-France. Selon le docteur, c’est « indiscutablement dangereux car c’est l’endroit de France où il y a le plus de pollution atmosphérique. Cette dernière contient toutes sortes de substances irritantes et certaines cancérigènes, c’est d’ailleurs reconnu par l’OMS. C’est donc un peu plus dangereux qu’ailleurs mais ce risque n’est quand même pas très élevé mais est indiscutable contre laquelle c’est une bonne chose de lutter. »
Chaque année, la pollution atmosphérique reste préoccupante puisqu’elle est à l’origine de 2500 décès prématurés à Paris annonce la mairie de la capitale.
Des patients déjà exposés aux maladies respiratoires
Un constat face auquel le pneumologue de l’Institut Mutualiste Montsouris répond : « Ce sont des études épidémiologiques qui disent ça et qui sont extrêmement complexes à réaliser et qui sont indiscutables. Les preuves s’accumulent. Simplement, cette présentation catastrophiste peut être un peu débattue c’est-à-dire que 2500 n’est pas en plus du reste mais c’est bien prématuré. En d’autres termes, ce sont des gens qui ont déjà des pathologies respiratoires. La plupart des pathologies respiratoires en question étant liées au tabac qui est LE facteur majeur de risque de décès par maladie respiratoire. »
Patients de l’Institut du thorax
Selon le pneumologue de l’Institut Mutualiste Montsouris, la relation de cause à effet est indiscutable en termes de statistiques et en termes de risques. Ce que voit un pneumologue c’est si le patient atteint d’une maladie respiratoire est fumeur ou non-fumeur. Une longue consultation n’est ainsi pas nécessaire pour faire la différence entre ceux qui ont fumé et ceux qui n’ont pas fumé en termes de maladies respiratoires. Le docteur pneumologue ajoute que la pollution atmosphérique ajoutée là-dessus reste très difficile à décerner.
Le tabac, facteur numéro 1
L’on peut donner des chiffres : un non-fumeur a un risque de cancer du poumon avant l’âge de 85 ans qui est de l’ordre de 1%. Par ailleurs, ajoute le pneumologue de l’Institut Mutualiste Montsouris, les grosses études épidémiologiques permettent d’affirmer qu’une personne exposée au tabagisme passif a une augmentation de 1,2%. En revanche, les tabagiques de façon globale ont un risque de 20%. C’est une augmentation de 1900%, ajoute le docteur.
Ainsi, la pollution atmosphérique est certes dangereuses mais en termes de ce que voit un pneumologue, le facteur numéro un reste le tabac? D’ailleurs, la maison d’un fumeur est beaucoup plus polluée que les rues parisiennes par exemple. Cette tendance reste à nuancer car tout dépend de là où l’on fait les mesures : un pot d’échappement produira beaucoup plus de pollution que l’habitat d’un fumeur par exemple. Les valeurs moyennes de particules jugées responsables du cancer du poumon, la concentration doit être inférieure à 20 microgrammes par mètre cube (normes données par l’OMS. Dans la fumée de tabac, la concentration se fait entre 1000 et 2000 microgrammes par mètre cube. C’est pourquoi dans la maison d’un patient fumeur, rappelle Philippe Girard de l’Institut Mutualiste Montsouris (Institut du Thorax), donc le tabagisme passif, la moyenne est entre 50 et 60 microgrammes par mètre cube c’est-à-dire au-dessus des valeurs normales recommandées par l’OMS.
La première cause de décès par cancer dans le monde
Avant toute chose, le docteur rappelle que le cancer du poumon est l’un des cancers les plus dangereux qu’il soit, le plus fréquent et le plus mortel. C’est d’ailleurs la première cause de décès par cancer dans le monde : plus de deux millions de décès chaque année. Le docteur Philippe Girard de l’institut Mutualiste Montsouris ajoute que l’on fume en moyenne moins à Paris qu’en France en général. La moyenne de l’Ile-de-France est inférieure à la moyenne française. Les endroits où l’on fume le plus en France c’est le Nord et la région PACA.
Les dernières avancées
Philippe Girard indique que l’on a surtout en termes de traitement des malades (et non du dépistage, un tout autre sujet), la grande avancée des dernières années et qui se confirme actuellement c’est l’immunothérapie. Cette dernière consiste à donner des médicaments qui stimulent l’immunité du patient. En d’autres termes, on cible bien les cellules afin de détruire les cellules tumorales avec ses propres lymphocytes. Cela a certes des effets secondaires mais est très efficace chez certains patients. En effet, cela augmente nettement la probabilité de vivre plus longtemps et c’est une énorme avancée que l’on n’avait pas vu avant.
La hausse du prix du paquet de cigarettes
Selon le docteur de l’Institut Mutualiste Montsouris, c’est une bonne mesure. Il estime que l’on peut attribuer une chose qu’il n’avait pas vue depuis 15 ans : la diminution de la consommation probablement liée à l’augmentation du prix.